Maladies
Sexuellement Transmissibles (MST)
Syphilis
1.
Introduction
Syphilis,
maladie sexuellement transmissible provoquée
par une bactérie, le tréponème
pâle (Treponema pallidum).
Dans la majorité des cas, la contamination se
fait par contact sexuel, notamment si la peau ou les
muqueuses présentent des lésions qui permettent
à la bactérie de pénétrer
dans l'organisme. Les contaminations non sexuelles représentent
environ 5 % des cas et concernent surtout le personnel
soignant des hôpitaux. Par ailleurs, une femme
enceinte peut transmettre la maladie à son ftus
(syphilis congénitale). Les risques d'atteinte
du ftus sont d'autant plus élevés
que la grossesse est avancée au moment de la
contamination de la mère.
2.
Historique
2.1.
L'origine controversée de la syphilis
Les
premiers cas de syphilis remarqués par les
médecins occidentaux l'ont
été en 1493, date de retour
de la première expédition de Christophe
Colomb du continent américain. Une épidémie
s'est en effet déclenchée cette année-là
à Barcelone, se répandant ensuite
en Espagne, en France à la faveur du conflit
franco-espagnol de 1495, puis à toute l'Europe.
Les circonstances de l'apparition de cette épidémie
ont laissé penser que la syphilis avait été
rapportée d'Amérique par les marins de
Colomb, théorie la plus couramment admise jusque
dans les années quatre-vingt dix.
Ce dogme est aujourd'hui remis en question par la
mise au jour de nombreux ossements antérieurs
à 1493 et portant des séquelles similaires
à celles provoquées par la syphilis.
Ces découvertes démontrent qu'il existait
en Europe, depuis longtemps, une infection due à
un tréponème. S'il s'agissait de celui
de la syphilis, cette dernière aurait été,
contrairement à l'opinion reçue, importée
par la suite en Amérique par les colons européens,
et peut-être par les esclaves africains. Une autre
hypothèse situe, en effet, le foyer de toutes
les infections à tréponèmes en
Afrique équatoriale (la syphilis serait, dans
ce cas, arrivée en Europe par le biais des marins
portugais). Si la syphilis existait effectivement dans
l'Ancien Monde avant 1493, on peut supposer qu'elle
n'a pu être détectée en raison de
la similitude de certains de ses symptômes avec
ceux de la lèpre.
2.2.
Les premiers traitements
Identifiée
à la fin du XVe siècle, successivement
appelée vérole de Naples et maladie française,
la syphilis était une affection extrêmement
répandue en Europe. C'est la naissance de la
microbiologie qui, à la fin du XIXe siècle,
a ouvert la voie à l'identification du germe
responsable de la syphilis (Fritz Schaudinn, 1905).
En 1906, le bactériologiste allemand August
von Wassermann met au point le premier test sanguin
permettant le diagnostic de la maladie. Trois ans
plus tard, Paul Ehrlich découvre le premier médicament
anti-syphilitique, un composé à base
d'arsenic. Cependant, il faudra attendre 1943 pour disposer
d'un traitement réellement efficace. Il s'agit
d'un antibiotique, la pénicilline (pourtant découverte
15 ans plus tôt), et qui reste aujourd'hui le
traitement habituel de la syphilis.
2.3.
Épidémiologie
Dans
les pays occidentaux, l'usage de la pénicilline
dès la fin de la Seconde Guerre mondiale a provoqué
une chute considérable de l'incidence de la syphilis,
c'est pourquoi on a pu la croire éradiquée
de nos contrées. Elle réapparaît
cependant à la fin des années soixante.
Au cours des années soixante-dix, la plupart
des cas de syphilis sont observés chez les homosexuels
occidentaux. Dans les années quatre-vingt,
on note une importante recrudescence de la maladie,
augmentation qui semble, dans une large mesure, toucher
les hétérosexuels. Cette tendance est
à l'origine de l'augmentation du nombre de cas
de syphilis congénitale. Par ailleurs, les personnes
atteintes par le syndrome immunodéficitaire
acquis (sida), sont susceptibles, en raison de l'altération
de leur système immunitaire, de développer
des formes de syphilis évoluant plus vite vers
les derniers stades de la maladie ; ils sont également
sujets aux rechutes après le traitement qui permet
la guérison chez les populations non immunodéprimées.
Bénigne si elle est soignée, mais potentiellement
mortelle dans le cas contraire, la syphilis reste l'une
des maladies sexuellement transmissibles les plus répandues,
et pose toujours de graves problèmes de santé
publique. Elle touche les pays industrialisés
tout comme les pays en voie de développement,
cependant elle est particulièrement répandue
en Afrique sub-saharienne et en Asie du Sud et du Sud-Est.
En 1996, l'Organisation mondiale de la santé
estimait à plus de 12 millions le nombre de personnes
atteintes dans le monde.
3.
Symptômes
3.1.
Syphilis des adultes
3.1.1.
Stade primaire
Les premiers signes cliniques apparaissent après
une période d'incubation (sans symptôme
visible) dont la durée varie de 2 à 6
semaines. Il s'agit tout d'abord d'une petite lésion
appelée chancre, qui se développe au point
d'entrée de la bactérie. Il s'en écoule
un liquide extrêmement contagieux. Le chancre
disparaît ensuite spontanément en 4 à
6 semaines.
3.1.2.
Stade secondaire
La
période secondaire, qui survient en moyenne six
semaines plus tard (mais parfois jusqu'à 4 ans
après), est caractérisée par des
éruptions cutanées généralisées.
La première floraison consiste en l'apparition
de taches roses sur le tronc (roséole) et d'ulcères
non douloureux siégeant autour des muqueuses
(bouche et régions génitales). La seconde
floraison consiste en taches brun-rouge sombre, infiltrées
sous la peau, appelées syphilides. Les diverses
lésions cutanées associées à
la période secondaire, indolores, sont très
contagieuses. Par ailleurs, les phases d'éruption
sont accompagnées de maux de tête, de fièvre
et du gonflement des ganglions lymphatiques. La période
secondaire peut durer de quelques mois à 2 ans.
3.1.3.
Période de latence
Ce
stade est caractérisé par l'absence de
signes cliniques. Il peut durer de 2 à
20 ans, au cours desquels des modifications inflammatoires
affectent les organes internes.
3.1.4.
Stade tertiaire
Dans
75% des cas, les malades développent, au bout
de quelques années à quelques dizaines
d'années, une syphilis tertiaire, ou syphilis
symptomatique tardive. Des nodules appelés gommes
apparaissent dans les tissus sous-cutanés, les
muqueuses et les organes internes. Ces gommes peuvent
être responsables de lésions osseuses importantes.
Le foie et les reins peuvent également être
touchés, ainsi que les autres viscères
; l'atteinte du cur et des principaux vaisseaux
sanguins est responsable de la plupart des décès.
L'infection de l'utérus peut être à
l'origine de fausses couches, de naissances d'enfants
mort-nés ou atteints de syphilis congénitale.
La maladie peut également s'accompagner d'atteintes
neurologiques (neurosyphilis) aux manifestations
variables. Chez 15% des sujets en période tertiaire
se déclare ensuite une forme de paralysie appelée
tabès dorso-lombaire ou ataxie locomotrice progressive.
Ce tabès se traduit notamment par un manque de
coordination musculaire, une incontinence et une diminution
des réflexes. Par la suite, les malades peuvent
développer des psychoses.
3.2.
Syphilis congénitale
La
bactérie responsable de la syphilis peut se transmettre
de la mère au ftus au cours de la grossesse.
La syphilis de l'enfant, appelée syphilis
congénitale, peut se manifester sous deux
formes. La syphilis congénitale précoce
apparaît de la naissance à 2 ans, et touche
de nombreux tissus et organes (yeux, peau, muqueuses,
os, organes internes comme les reins et les poumons
).
La syphilis congénitale tardive se développe
entre 5 et 10 ans. Entre autres lésions,
elle est notamment caractérisée par une
atteinte du système nerveux. Par ailleurs, il
peut exister une syphilis congénitale latente
; asymptomatique, cette dernière ne peut être
révélée que par des tests de dépistage.
La syphilis congénitale est relativement rare
dans les pays industrialisés, notamment grâce
aux dépistages réalisés sur les
femmes enceintes.
4.
Diagnostic, Traitement et Prévention
4.1.
Diagnostic
Le
diagnostic de la syphilis se fonde tout d'abord sur
l'identification des symptômes des premier et
second stades de la maladie. Ceux-ci peuvent néanmoins
passer inaperçus, car négligés
par les patients (une fois le chancre disparu, les premières
manifestations cutanées, notamment la roséole,
peuvent passer pour des manifestations allergiques).
La suspicion de syphilis doit être ensuite confirmée
ou infirmée par des tests : analyse au microscope
de prélèvements (sur le chancre ou sur
les lésions cutanées) visant à
mettre en évidence la bactérie et / ou
des tests sanguins, généralement basés
sur une technique immunologique - tests d'immunofluorescence
(on utilise des anticorps spécifiques du tréponème,
associés à une substance fluorescente).
4.2.
Traitement
Le médicament choisi en première instance
est la pénicilline benzathine.
D'autres antibiotiques (des
tétracyclines) peuvent être
prescrits en cas d'allergie à cette dernière.
Le traitement est injecté en une seule fois ou
administré sur plusieurs semaines, selon le stade
de la maladie et la possibilité de suivi du patient.
4.3.
Prévention
Enrayer
la syphilis implique de traiter toutes les personnes
ayant eu des contacts sexuels avec une personne en période
de contagion (c'est-à-dire aux premier et second
stades de la maladie). La prévention passe
également par le dépistage
(examens prénuptiaux, dépistage systématique
chez les femmes enceintes
), un diagnostic
précoce et
l'utilisation de préservatifs. Ceux-ci,
acteurs indispensables de la prévention contre
les maladies sexuellement transmissibles, n'offrent
toutefois pas une protection absolue dans le cas de
la syphilis, dans la mesure où les lésions
syphilitiques peuvent siéger ailleurs que sur
les organes sexuels.
Source:
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